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Marathon de Paris : entre douleur et solidarité


5h40, le réveil sonne.  La nuit a été plutôt bonne.  Je me lève du lit pour aller manger mon GateauSport. Je n’imagine pas à ce moment là la journée que je vais vivre… 

Avec 2 meneurs d'allure dont Adrien : un des coachs de la DreamTeam

Comme d’habitude, je n’ai aucun souci à manger mon ½ GateauSport accompagné d’un thé. J’enchaine  après avec une douche pour bien me réveiller et mettre tous mes sens en éveil. Toutes mes affaires sont prêtes depuis quelques jours, je suis en mode automatique. Nous prenons avec Mlle -qui me suivra sur tout le parcours- le transilien pour rejoindre Paris. J’ai rendez-vous à 8h00 avec une partie de la DreamTeam pour immortaliser l’avant course avec quelques photos.

Je rentre dans le SAS 3h30 avec Fred, Lionel, Alex et Thomas. Je trouve que l’organisation de la course est meilleure que l’année précédente. Nous partons vers 9h05, il y fait déjà un peu chaud à mon goût, je me suis équipé d’une casquette pour éviter l’insolation. Le départ sur les Champs-Elysées est magnifique, magique,  j’ai la chance de voir Mlle  sur le coté gauche. Je régule tout de suite mon allure à 4’58.

Place de la Concorde, je croise  Wilfrid -un Free Runners- qui nous encourage. Je  serre un maximum sur la gauche pendant la course pour deux raisons : essayer d’être à l’ombre le plus possible et  voir Mlle qui sera positionnée au km 12 ,21 et 32 à chaque fois de ce côté. Nous longeons le Louvre, je profite beaucoup plus que l’année dernière du parcours. Je  reste sérieux mais profite vraiment de l’ambiance et de la beauté des monuments. Nous arrivons à la seconde prévu au 5ème km qui correspond à la place de la Bastille : quelle ambiance ! J’entends les encouragements  de la coach Marie Prioux accompagnée de Pierre, Stéphanie, et David. Leur énergie me booste.  Il est à peine 9h30 mais le soleil « tape » déjà fort, et généralement, je supporte assez mal la chaleur. J’ai donc pris l’option de la semi autonomie avec mon bidon d’eau que me permet de boire tous les 3-4 km.

Nous déroulons toujours sur la même allure vers  Vincennes, nous croisons au 7ème km Jean-Marc de la DT qui est malheureusement blessé. Il met beaucoup d’énergie à nous encourager, c’est TOP. Nous passons le 10ème km pile poil sur le timing voulu. Je me sens assez bien. Je suis vigilant, j’ai  déjà pris un gel énergétique, je continue sur la stratégie validée sur la Boucle de l’Eau. Au 12ème, nous passons devant le château de Vincennes, il y a une belle ambiance. Je sais que Mlle est dans les environs mais il est compliqué de la repérer. Je la vois de justesse : ouf. Je croise 50 m après Yann  avec son t-shirt Free Runners qui m’encourage et me tape dans la main. C’est fou comme tous ces encouragements me font du bien. Je suis depuis le départ avec Alex, j’ai perdu un peu de vu Fred et Lionel qui me semblent-ils sont devant. Nous maintenons l’allure dans tout le bois de Vincennes, Alex me signale en rentrant sur Paris qu’il a déjà un peu mal aux jambes.

Pour ma part, les sensations ne sont pas trop mal. Par contre j’ai de plus en plus chaud, je profite des points d’eau pour me refroidir en m’aspergeant le visage et les bras.  Nous ne sommes plus très loin de l’avenue Daumesnil, il y a une petite montée qui me fait un peu perdre de temps et surtout monter le cardio. Nous passons le semi en 01:45:10. Nous sommes dans les temps, nous recroisons Mlle puis nos supporters du 5ème km accompagnés en plus de Carmen. Ils donnent de la voix. C’est plaisant. Je profite du passage devant la Bastille pour me rafraichir le corps -Alex et Mlle me diront par la suite que j’avais déjà perdu beaucoup de sels à ce moment de la course : détail qui aura son importance-.

Nous enchainons vers les quais, il y a une belle ambiance mais les petites montées et descentes commencent à faire mal aux jambes. Je me retrouve sans Alex qui ralentit un peu (mais qui me (re)doublera plus tard),  je redoute cette partie du parcours car j’avais coincé ici l’année dernière.  Je rentre dans le tunnel des Tuileries, « Mon Dieu,  quelle chaleur», c’est étouffant. J’arrive à maintenir l’allure mais je sens quelques spasmes sur les muscles de mes jambes. Ca ne sent pas bon…
Je décide de courir à ce moment là à la sensation mais finalement, je n’aurai presque pas baissé d’allure. J’ai globalement du jus mais ces spasmes se rappellent de temps en temps à moi. Je croise Gilda à la sortie d’un tunnel, ces encouragements me font du bien. Nous arrivons vers le 30ème, je rattrape Fred qui part s’hydrater, je suis toujours à moitié autonome avec ma gourde. Je profite du ralentissement pour boire aussi. 

A ce moment, je me rend compte que mon objectif sera difficile à atteindre, j’attends le 32ème km avec impatience, voir Mlle me fera un peu de bien. Au moment de la croiser, je lui fait signe que je suis dans le dur, pas de doute, je ne suis pas loin des crampes. Pourtant, j’ai encore du jus, sacré paradoxe.

Km 34 : la descente aux enfers…
Nous arrivons devant Roland-Garros, je me dis que je marchais l’année dernière sur cette partie. Ce sera la même chose cette année, une crampe me lance sur le mollet droit, je profite du ravito à proximité pour faire passer la crampe, boire de l’eau et prendre un gel coup de fouet. Je reprends la course à une bonne allure (05’20), j’ai encore de la force, mais plusieurs crampes vont m’empêcher de poursuivre sereinement mon périple. Je passe alors en mode « survie ». Vers le 36ème, je croise Sébastien -un Free Runners  avec qui j’avais débuté le marathon d’Amsterdam- qui prend des photos des coureurs. Je lui fais un signe de détresse, je le vois s’approcher de moi et se mettre à courir avec moi tout en m’encourageant. Je suis touché  de savoir qu’il m’accompagnera jusqu’au bout ! Il me demande si j’ai encore un objectif, je lui dit rapidement 03:45:00 et l’informe qu’il faut tenir un peu moins de 6 min/km pour y arriver.  Ce ne sera pas le cas, la fin de la course sera un  chemin de croix, ces fichues crampes me paralyse les deux jambes et m’obligent à m’arrêter plusieurs fois de longues minutes. Seb, essaye de les faire passer comme il peut mais  c’est vraiment douloureux. Nous repartons en courant et croisons Valery, un autre Free Runners  qui nous accompagnera aussi jusqu’à la fin.

Les derniers kms seront une longue traversée du désert, j’enchaine crampe sur crampe malgré l’impression d’avoir encore un peu de jus. Je suis assez ému par la solidarité de mes deux compagnons de course. J’essaye de garder le sourire et de profiter un peu du moment.  Je franchis la ligne d’arrivée en 03:56:05,  je bats de presque 2 minutes mon précèdent record malgré la contre performance. L’important n’est pas là, j’ai pris une belle claque, physiquement mais surtout humainement. Je prends Sébastien dans mes bras (ou plutôt je m’adosse/écroule sur lui ;-) ) , ces crampes me tétanisent. Je discute brièvement avec Pascal, le boss de Runners.fr et ami qui me signale que je suis « transparent ». Il me faudra environ une heure pour quitter la zone d’arrivée. Sébastien « me maintenant en vie » comme il le peut. Pour moi, c’est la journée mondiale de la crampe !

Il me faudra attendre l’arrivée au restaurant pour allez mieux et pouvoir m’alimenter. Je suis même surpris à marcher relativement bien en ressortant de celui-ci.  Je rejoindrai Sébastien, un de mes deux héros du jour, au bar pour fêter le marathon avec tous les finishers et supporters du club.  La bière à la main, je suis heureux, je suis bien, plus qu’un record, je suis surtout fier de faire partie de ces Free Runners.


 Un bref bilan :

Le positif :
- Cette aide inespérée pendant la course
- L’aventure DreamTeam tout simplement formidable
- La préparation qui m’aura fait m’améliorer et qui aura été bonne car bizarrement, j’ai eu l’impression d’avoir eu « du jus » sur tout le marathon.
- Un nouveau record sur Marathon (et 35 minutes de gagnées sur le MDP 2014)

Le négatif :
- Un temps en dessous de mes espérances
- La confirmation que je supporte mal la chaleur –c’est normal pour un blondinet J -
- Les crampes : avec un recul de 2 jours, je me rends compte que je suis sensible à cette pathologie (un début de crampe après les Foulées de Malakoff et quelques crampes après la Boucle de l’Eau alors que je n’ai eu aucune courbature les jours qui suivaient ces deux compétitions). Ces crampes sont sûrement dues à mes pertes importantes en minéraux (sodium), je finis chaque course avec beaucoup de sel sur le corps, mon cuissard du marathon de Paris pourra vous le confirmer. Il va falloir utiliser une boisson isotonique appropriée qui comblera les pertes en minéraux lors de l’effort (les gels ne comblant pas ces pertes).




8 commentaires:

  1. Bravo pour ta course malgré ta déception. Le prochain marathon se passera bien mieux. Tu as un beau chrono dans les jambes.
    Sans doute, comme tu dis, la chaleur et toi n'êtes pas de bons amis.
    Encore félicitation d'avoir été au bout. Et ravi d'avoir fait ta connaissance sur le salon du Running.

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    1. Merci Greg, ton analyse est bonne.
      Je suis sans doute meilleur sur courte distance. C'est aussi surement dut à mon age. Je me sens aussi un peu maudit sur le MDP.
      Ca serait sympa de se faire une sortie un jour ensemble.

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  2. Superbe compte rendu. C'est un exercice difficile.
    C'est avec l'expérience que l'on se renforce et que l'on progresse.
    On essaye de maximiser nos chances de réussites avec l'entraînement; reste les aléas de la course. Heureusement, on a tendance à vite oublier les mauvais moments pour retenir les meilleurs.
    Le sport c'est un cocktail explosifs de sensations, une école de la vie qui nous renforce et des supers moments de partage entre potes.
    A+

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    1. Merci Fred.
      Le marathon est une epreuve étrange. J'ai encore beaucoup de mal à la maitriser. J'ai moins de mal sur un 10 ou semi pour "perfer".
      Oui, le sport est un sacré cocktail... Comme dirait un grand philosophe: Vive le sport, Vive le running...

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  3. Ne gardes que le meilleur, tu es jeune et toutes ces expériences vont te servir pour l'avenir.
    Bravo et Merci pour ton récit

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    1. Merci, tout est bon à prendre. Une belle expérience humaine qui m'amène un RP. Etre finisher, ca se mérite...

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  4. Bravo ! Il faut un gros mental pour surmonter ses douleurs afin de franchir la ligne d'arrivée ! tu es un Finisher ;-)

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    1. Merci Kévin, j'ai quand même l'impression de devoir encore un peu bosser le mental pour m'améliorer sur cette distance. Une chose est sûre, je n'abandonnerai jamais un marathon en cours de course (sauf blessure).

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