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Marathon de Rome MMXVI : Tous les chemins y mènent…


Le compte à rebours a commencé le 10 Janvier à la Prom’Classic, un temps qui me laissait entrevoir la possibilité de titiller les 3 heures sur marathon. Une préparation rondement menée par BabaJC et un record avec un chrono inespéré sur le semi de Paris confirmait ce que je sentais depuis un bout de temps : ce marathon de Rome MMXVI doit être la course sur laquelle j’obtiens le « graal » convoité par tant de marathoniens. Malgré les doutes à tenir l’allure marathon lors des dernières sorties longues, je le sens,  tout est réuni pour que ce jour soit le mien…

L’avant course
Je récupère mon dossard le samedi après-midi, la séance du matin a été bonne. Les jambes sont là, mais je reste un poil tendu. Le packaging offert par les italiens est fourni. La fin de la journée sera consacrée au repos, à répondre aux différents messages d’encouragements (merci à tous, encore une fois) et aux fameuses pasta italiennes… La nuit est bonne, le réveil se fait naturellement. Je suis bien, assez détendu, tout est bien calé. Je donne à madame mes 2 boissons isotoniques qu’elle essaiera de me transmettre sur le parcours. Une dernière photo à l’appartement et je pars pour le colisée. La journée va être chaude, j’ai bien fait d’opter pour le débardeur. Je patiente finalement qu’une quinzaine de minutes dans le sas dans cet environnement grandiose, je suis assez bien placé sur la ligne de départ où je croise Gilles.

Du départ au km 10 : parfaitement dans MA course

Le départ de mon sas est lancé vers 8h45, quelques petites minutes après les élites. On bouchonne un peu pendant le premier km. Rien de bien méchant, j’’en profite pour bien me familiariser avec les pavés romains que je vais affronter pendant 7,5 km aujourd’hui. Le décor est magnifique, chaque coin de rue cache un monument antique, c’est la première fois que je viens à Rome et j’en prends plein les yeux. Je rattrape mon léger retard au bout de quelques centaines de mètres, je suis bien, aucun souci à tenir l’allure du jour contrairement aux dernières sorties longues. Il y a pour l’instant beaucoup de densité à l’avant de la course. Je reste caché jusqu’au 10ème derrière une féminine qui a une foulée régulière. Le parcours est sinueux sur ces premiers km, le coach m’avait prévenu que je n’avais pas choisi le marathon le plus facile… Le premier ravito du 10ème km va casser ce petit groupe de coureur. Je suis parti avec une bouteille de 50 cl de boisson isotonique et un bidon simple hydration, je n’ai donc pas besoin de m’arrêter et m’hydrate depuis le départ de la course de quelques gorgées toutes les 5-10 minutes. La chaleur se fait déjà sentir, je veille à éviter toute surchauffe en me rafraichissant tous les 5 km avec les éponges données tout au long du parcours.

Du km 10 au km 20 : resté caché

Je cours le long du Tibre seul, malgré mon allure assez régulière, je navigue entre différents groupes de coureurs. Je recroise Gilles au 13ème km qui vient malheureusement d’abandonner. Je suis derrière un coureur du club italien « Free Runners », cela me fait sourire. Je me cale un peu plus loin dans un groupe de 3 coureurs d’un même club d’athlétisme italien. Je sens qu’ils sont à l’aise et gèrent bien la course, c’est PARFAIT, rien de mieux pour s ‘économiser… Je continue de m’hydrater et jette déjà ma bouteille de 50 cl,  j’avale aussi mon premier gel (un tous les 45’ de course). Le passage au 17ème devant le Vatican est grandiose, la place Saint-Pierre et sa basilique en imposent, qu’on soit croyant ou non, on ne peut pas rester insensible devant. J’ai chaud et j’ai déjà presque fini mon second bidon, les points de rafraichissements font vraiment du bien, je commence à être en éveil car madame doit me passer mon ravitaillement soit au km 19 ou 23. Si jamais, on se loupe, il faudra que je fasse sans jusqu’au 29ème ou 34ème.

Du km 20 au km 30 : tutto va bene
Je ne croise malheureusement pas madame, tant pis, je ferais pour l’instant avec les ravitaillements du parcours. Je profite de mes 3 coureurs d’échappée qui me proposent leurs verres d’eau, c’est top et cela permet de m’économiser. Je passe le semi en 01:29:37 en avalant mon deuxième gel, j’ai quelques secondes d’avance et je suis surtout encore parfaitement en jambes. Malgré le fait que j’inonde mon maillot à chaque fois que je le peux, celui-ci sèche en quelques minutes. La chaleur commence déjà à faire des dégâts. Un de mes 3 compagnons fait signe qu’il va ralentir. Nous continuons notre chemin le long du Tibre, je trouve le parcours vraiment beau. Je suis pour l’instant assez surpris de l’engouement des italiens, je trouve qu’il y a quand même pas mal de monde le long de la route contrairement à ce qu’on m’avait prédit. Je manque de m’étouffer en buvant au gobelet au 25ème km, ca va être compliqué de s’hydrater comme cela jusqu’à la fin de la course. Coup de chance, il y a sur la dernière table de ravitaillement deux petites bouteilles d’eau de 50 cl, j’en attrape une. Les dieux de la course à pied semblent être avec moi, je dois maintenant combler les 30 mètres de retard sur mes compagnons d’échappée. Je ne le ferai qu’au 27ème km sur la belle montée de presque 1 km. Je suis toujours bien et double énormément de monde. Comme sur le marathon de Paris une semaine avant, la chaleur fait des ravages.

Du km 30 au km 40 : finie la ballade, je rentre dans l'arène

Je n’ai toujours pas croisé madame mais cela ne me perturbe pas et avale mon dernier gel au 30ème km plus une moitié de banane. Je suis parfaitement concentré sur ma course. Quelques centaines de mètres après, je la croise finalement et profite pour attraper une bouteille de 50 cl isotonique. Ses encouragements me font énormément de bien. Je suis remonté et prêt à aller au combat. Je sens que mes jambes commencent à raidir mais je n’y prête aucune attention. Mes compagnons d’échappée accélèrent vers le 33ème km, je préfère les laisser et faire ma course seul. Je recroise madame au 34ème km et lui fais signe que je suis plutôt bien pour l’instant. Pas de mur à l’horizon, ma seule crainte est d’avoir une crampe mais je n’y prête pas attention. Je suis dans ma course, je sais qu’il me reste environ 30 minutes de course et je suis prêt à tout donner. Le passage au 35ème km confirme ma bonne forme. Je tiens toujours la même allure. Nous passons maintenant dans un souterrain vers le 36ème km, je déteste cela et, trop méfiant, je baisse d’allure sans m’en rendre compte. A la sortie du tunnel, il est maintenant plus dur de relancer sur les pavés romains mais je me fais violence, pas question de lâcher si près du but. Nous commençons à revenir dans le centre-ville de Rome et cela fait du bien d’avoir du public. Je continue de m’hydrater régulièrement, je ne fais que de doubler des coureurs presque à l’arrêt ainsi que les meneurs d’allure 3h partis quelques trentaines de secondes devant moi. Je suis surpris d’entendre les encouragements de madame à la piazza del Popolo. Ca me rebooste et le passage au 40ème km confirme que j’ai bel et bien réussi à tenir le cap malgré la baisse de régime du 36ème km (15s de plus pour ces 5 km).
Piazza del Popolo (39ème km): la foulée est encore belle malgré la fatigue
Du km 40 à la fin : Veni Vedi VICI

Je ne me relâche pas, je m’invective plusieurs fois en me répétant « ici et maintenant », je sens que cela est gagné mais je sais qu’il reste une dernière difficulté peu avant le 41ème km, les jambes sont raides mais j’avale la montée dans le tunnel en augmentant légèrement le rythme. Je redescends maintenant vers  la piazza Venezia, je n’en reviens pas. Je l’ai fait, courir un marathon en moins de 3 heures. Mes jambes deviennent légères, l’instant est fort. Je me tiens la tète. Je vois au loin l’arche d’arrivée, j’ai une impression d’apesanteur dans ces derniers mètres. Je me sens seul au monde. Mon dieu, que c’est bon. Je franchis la ligne en 02:59:25. C’est fou, je bats encore mon record de plus de 22’. Il y an, je finissais le marathon de Paris en presque 4 heures, je n’en reviens pas. Je récupère ma médaille, je suis ailleurs, j’en profite pour faire quelques photos avec les gladiateurs. Je me dirige vers le colisée en marchant et profite de l’instant, il y a encore quelques mois, courir un marathon en dessous de 3h me paraissait être un  doux rêve… Madame me rejoint et nous débriefons sur la course, je suis sur un nuage et nous en profitons pour immortaliser le moment devant le colisée.
Les remerciements :

Merci tout d’abord à madame pour m’avoir ravitaillé pendant ce marathon et surtout de m’avoir supporté pendant sa préparation, je sais que j’étais énormément focalisé sur cette course et forcément sur moi-même. Merci aussi à tous ceux qui m’on encouragé et félicité avant et après la course. Et pour finir, merci au coach de m’avoir amené jusqu’ici, que de travail accompli en 11 mois, je me rappelle lui avoir dit en commençant le coaching que courir un marathon en moins de 3h était un rêve que je pensais sûrement irréalisable.

Maintenant c’est fait, et je ne suis toujours pas descendu de mon nuage…

Avant et après : Même pas mal

Quelques chiffres...

12 commentaires:

  1. Un immense bravo Thibault, fier de toi et de cette progression fulgurante ! Bienvenu au club des sub 3h, le chrono va encore baisser à n'en pas douter.
    Très beau récit, on y est !
    Bonne continuation

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    1. Merci Guillaume,tu y es aussi pour quelque chose dans cette progression ;)
      Heureux d’être de ce club et j’espère bien que ce n'est pas encore fini:)
      Bravo à toi encore pour Boston

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  2. Encore bravo Thibault, c'est énorme ! que de chemin parcouru depuis nos tours de pistes à Lenglen. A toi les records sur marathon, à moi les cimes et le D+ ;)

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    1. Merci Fred.Et oui, que de chemin parcouru depuis ;). Beaucoup d'entrainement (très structuré), des changements alimentaires et aussi un mental plus fort depuis notre marathon de Paris.
      Profite bien du D+, je reste sur mon tartan et mon bitume pour l'instant ;)

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  3. Tu m'as filé des frissons !! Superbe récit.
    Féliciatations encore pour ce passage chez les "Sub 3h". Tu as eu une progression monstrueuse.
    Tu nous fait vivre pleinement ta course, j'ai vraiment adoré.

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    1. Merci Greg, j'ai essayé au maximum de retranscrire les émotions si particulières d'un marathon.
      Merci aussi pour notre échange qui m'a fait beaucoup de bien au moment où j'étais dans le creux de la vague pendant ma préparation (contracture mollet + doutes sur mon AM)
      J' attend avec hâte votre retour sur London car il y a de grandes chances que ce soit mon prochain marathon... et quelque-chose me dit que tu vas envoyer du "lourd" ;)

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  4. Tu es une horloge, un monstre de volonté et d'abnégation. Tout cela est fort mérité et me rend très heureux.
    Un énorme bravo, non seulement pour la perf, mais pour tout ce qui l'aura accompagné !

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    1. Merci JC. Ca me touche énormément...
      J'ai encore les dents longues et une grande soif de pouvoir me perfectionner dans tous les domaines.

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  5. Encore bravo Thibault ! Que de chemin parcouru ... une progression fulgurante qui n'est visiblement pas prête de se terminer. Ton récit m'a donné envie de prendre le départ de cette course l'année prochaine ;-)

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    1. Merci copain :)
      J'en connais un autre qui progresse à vitesse grand V. Je te conseille franchement ce marathon. Pas cher et l'occasion aussi de passer quelques jours merveilleux en famille ou en amoureux :)

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  6. Du très grand!!!bravo Thibault quel progression je me sens à des années lumières de toi maintenant...Félicitations pour le travail accompli c'est mérité vu ton engagement,superbe récit.

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    1. Merci Norman, je ne m'inquiète pas pour toi. Tu as longtemps été blessé. Je suis certain que tu seras bientôt dans le club des sub3h.

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